dimanche 6 septembre 2009

La science des sexes



Je sais pour un début, c'est très racoleur. Racoleur certes, comme les émissions pédagogiques du matin sur la BBC ou les newsmags français en période creuse (pour ne pas dire béante, le Web étant ce qu'il est, c'est à dire bien vivant, lui). Les newsmags intersidéraux.
Je me souviens d'un docu sur la chirurgie reproductrice présentée par un duplicata anglais d'Arlette Chabot: du hard, du graphic, de la couenne farcie à faire passer Nip/Tuck pour Sissi. Pragmatique ou faux-derche, tout dépend du point de vue, qui pourrait se réduire à cette question très chouette: Peut-on divertir et informer en même temps? Mais laissons cela aux philosophes.
Donc la science des sexes. Le pluriel est important: des sexes et non pas du sexe. Car c'est du genre dont il est question. L'hyperspécialisation des revues scientifiques n'en finit pas de fasciner! On en trouve même sur la guerre des roses! Et je tombe sur cet article épatant du numéro 47 de la revue english speaking très sérieuse Personality and Individual Differences, intitulé: "Sexual activity is inversely related to women’s perceptions of the facial attractiveness of unknown men". Qu'on pourrait traduire par, voyons, "Plus une femme est active sexuellement, moins elle regarde ailleurs."
Le titre est long, c'est vrai, comme le sont en général les articles de la science dure. Pas de place pour la métaphore, le raccourci poétique, le Haiku. Personne ne rigole dans la science dure, la science dure c'est dur point à la ligne (encore que la psychologie, ce serait plutôt de la mi-dure, bien que moins molle que la philo).
Alors qu'est-ce que nous dit cette wunderschöne étude, (qui a visiblement peiné à trouver des cobayes. 45 seulement)? Que plus une femme se masturbe, moins de chances elle a de trouver les hommes attirants! Mais ce n'est pas tout: Plus varié est le comportement sexuel d'une femme (à savoir quand il n'est pas seulement coïtal), moins de risques il y aura qu'elle s'inscrive sur Meetic!

Un cliché par définition est faux ; le cliché ou le stéréotype est souvent prit comme le négatif d'un monde en réalité beaucoup plus complexe et nuancé. Complexe et nuancé comme Odette (voir photo ci-dessus): Odette était peut-être prostituée sans en avoir l'air, ou plus vraisemblablement, une célibataire aguerrie pourvue désormais d'une retraite convenable. Par conséquent, tomber sur un cliché est toujours une expérience science fictionnelle, on n'y croit pas, on se frotte les yeux, on se tape sur la cuisse et on se dit: "Non mais je rêve !"

Non mais je rêve ! La conclusion est assez vulgaire: Primo, la masturbation est une activité véritablement antisociale (pour ces Frauleine en tous cas) et deuxio, plus vous varierez les plaisirs, moins elle regardera des inconnus dans la rue...

Maintenant, qu'est-ce qu'on entend par beau? Héhé! L'engagement naturaliste est clair. Inutile de se faire ch... avec le goût personnel ou les variations culturelles. Alors qu'est-ce qu'un bel homme? Et bien à l'en croire nos psychologues, c'est ça:
Une mâchoire carrée, protéiforme qui, selon "l'esthétique darwinienne", serait signe d'une bonne condition physique, ou plus précisément, phénotypique (un bon reproducteur pour faire court). Il semblerait donc que le pouvoir de séduction des hommes dépende de leur gueule de brute. Un mec QUI EN A!

Sans nier l'impact de l'évolution sur les primates humains que nous sommes et loin de vanter le scepticisme aigrillard et scientophobe qu'on oppose très souvent au Darwinisme, il semble que la science ne soit pas épargnée par le trash, le buzz, ce vernis racoleur destiné à faire mousser son labo et passer en tête sur cet attrape-couillon d'impact-factor.

Mais je me trompe peut-être.

Information qui n'a rien à voir: Allez jeter un coup d'oeil sur l'oeuvre de David Rokeby: Machine for Taking Time (Boulevard Saint-Laurent, 2006-2007) présentée par la Fondation Daniel Langlois dans la collection E-ART, Nouvelles Technologie et Art Contemporain.














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