jeudi 17 septembre 2009

Domestiquer Wikipédia

A l'approche de l'hiver, Wikipédia va lui aussi se faire vacciner! C'est officiel, suite au décès fiéleusement annoncé sur ses pages du dernier des Kennedy (alors qu'il n'était que moribond), l'encyclopédie collaborative se soumet au droit de réserve. On avait aussi fait le coup au sénateur démocrate Robert C. Byrd, décédé virtuellement en janvier 2009 sur les pages de Wiki (vénérable nanogénaire et membre du Congrès, Byrd fait des jaloux). Philippe Manoeuvre s'était, paraît-il, vu mort lui aussi, (ce qui, du point de vue symbolique, n'est pas si faux que ça, si on se souvient qu'avant de préparer sa retraite sur le plateau de La Nouvelle Star, Manoeuvre était un critique Rock...)
Epinglé notamment par le Washington Post, Wiki sera plus policé et, du moins dans sa version anglophone, demandera dorénavant à un "expert" de vérifier l'adéquation du texte à la charte des utilisateurs avant de le mettre en ligne.
Je fais partie de ceux qui voient l'historique de Wikipédia comme un Paradis Artificiel. Une poésie grivoise, une esthétique de l'absurde, de l'indiscret, du ludique, de l'infâme, du ridicule, du joyeux, avant que tout ne disparaisse, crypté, criblé, passé au peigne fin, du moins si le sujet du délit est vivant (ne serait-ce qu'à peine, comme le sénateur K. mentionné plus haut). On ne nous dit pas quelle latitude sera laissée à l'internaute pour parler de sa personalité préférée, ou plutôt à quel dégré de complaisance sera mangé l'expert pour laisser dire ce que la personalité voudrait qu'elle taise.
Il est vrai qu'annoncer avec quelques jours d'avance le décès d'un homme n'est pas bien courtois. Ruquier, lui aussi pro du divertissement, s'était fait voyant à l'insu de son plein gré en annonçant la mort de Pascal Sevran avec deux semaines d'avance. A notre connaissance, aucun expert n'a été diligenté à Europe 1 pour empêcher les médias de se faire la guerre.
Et laisser les gens casser leur pipe quand ils veulent.

A en croire la liste des historiques, certains êtres vivants célèbres ont laissé derrière eux une quantité de déchêts aussi radioactifs que les sous-sols siciliens. Il est des flatulences obsédantes, dont les odeurs persistent et tourmentent, pour le plus grand bonheur (pervers?) des autres.
Tout de même, s'en prendre à l'encyclopédie collaborative, utilisée et décriée par les mêmes, dans un pays où les personnalités voient leur moindre pet de travers rapportés à la seconde près dans la presse, est bel et bien le dernier caprice d'un cas désespéré...

mardi 8 septembre 2009

Double-Poney

Vu, ou plutôt lu aujourd'hui à Paris, au sommet d'un grand bâtiment blanc de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire: "Marchands de Chevaux, Poney, Double Poneys, de Toute Origine, Chevaux de Trait."
Une question m'assaille: qu'est-ce qu'un double poney?
Renseignement pris, cette partie de la rue s'appelait à l'origine la rue du Marché et abritait le Pavillon de surveillance du marché aux chevaux (construit entre 1760-1762), situé à côté.
Mais double poney? Et bien, selon Wiki, un double poney est un grand poney capable de porter des adultes ou un poney issu d'un croisement entre un poney et un cheval."
Du coup, sur quoi je tombe? La poésie du Web, telle la "Trace des effacements" d'Avril 2004, une longue liste où notamment on peut lire, à propos du double poney toujours:
25 avr 2004 à 19:11 Greatpatton a effacé « Histoire de Sao Tomé-et-Principe » (contenant 'mon cul c'est du double poney ?')
Délicieusement obscur.
Ou encore, 28 avr 2004 à 22:02 Ryo a effacé « Carreau du Temple » (contenant 'Habite le Carreau du Temple un très joli garçon gay à doser sans limite.')
Epatant.

dimanche 6 septembre 2009

La science des sexes



Je sais pour un début, c'est très racoleur. Racoleur certes, comme les émissions pédagogiques du matin sur la BBC ou les newsmags français en période creuse (pour ne pas dire béante, le Web étant ce qu'il est, c'est à dire bien vivant, lui). Les newsmags intersidéraux.
Je me souviens d'un docu sur la chirurgie reproductrice présentée par un duplicata anglais d'Arlette Chabot: du hard, du graphic, de la couenne farcie à faire passer Nip/Tuck pour Sissi. Pragmatique ou faux-derche, tout dépend du point de vue, qui pourrait se réduire à cette question très chouette: Peut-on divertir et informer en même temps? Mais laissons cela aux philosophes.
Donc la science des sexes. Le pluriel est important: des sexes et non pas du sexe. Car c'est du genre dont il est question. L'hyperspécialisation des revues scientifiques n'en finit pas de fasciner! On en trouve même sur la guerre des roses! Et je tombe sur cet article épatant du numéro 47 de la revue english speaking très sérieuse Personality and Individual Differences, intitulé: "Sexual activity is inversely related to women’s perceptions of the facial attractiveness of unknown men". Qu'on pourrait traduire par, voyons, "Plus une femme est active sexuellement, moins elle regarde ailleurs."
Le titre est long, c'est vrai, comme le sont en général les articles de la science dure. Pas de place pour la métaphore, le raccourci poétique, le Haiku. Personne ne rigole dans la science dure, la science dure c'est dur point à la ligne (encore que la psychologie, ce serait plutôt de la mi-dure, bien que moins molle que la philo).
Alors qu'est-ce que nous dit cette wunderschöne étude, (qui a visiblement peiné à trouver des cobayes. 45 seulement)? Que plus une femme se masturbe, moins de chances elle a de trouver les hommes attirants! Mais ce n'est pas tout: Plus varié est le comportement sexuel d'une femme (à savoir quand il n'est pas seulement coïtal), moins de risques il y aura qu'elle s'inscrive sur Meetic!

Un cliché par définition est faux ; le cliché ou le stéréotype est souvent prit comme le négatif d'un monde en réalité beaucoup plus complexe et nuancé. Complexe et nuancé comme Odette (voir photo ci-dessus): Odette était peut-être prostituée sans en avoir l'air, ou plus vraisemblablement, une célibataire aguerrie pourvue désormais d'une retraite convenable. Par conséquent, tomber sur un cliché est toujours une expérience science fictionnelle, on n'y croit pas, on se frotte les yeux, on se tape sur la cuisse et on se dit: "Non mais je rêve !"

Non mais je rêve ! La conclusion est assez vulgaire: Primo, la masturbation est une activité véritablement antisociale (pour ces Frauleine en tous cas) et deuxio, plus vous varierez les plaisirs, moins elle regardera des inconnus dans la rue...

Maintenant, qu'est-ce qu'on entend par beau? Héhé! L'engagement naturaliste est clair. Inutile de se faire ch... avec le goût personnel ou les variations culturelles. Alors qu'est-ce qu'un bel homme? Et bien à l'en croire nos psychologues, c'est ça:
Une mâchoire carrée, protéiforme qui, selon "l'esthétique darwinienne", serait signe d'une bonne condition physique, ou plus précisément, phénotypique (un bon reproducteur pour faire court). Il semblerait donc que le pouvoir de séduction des hommes dépende de leur gueule de brute. Un mec QUI EN A!

Sans nier l'impact de l'évolution sur les primates humains que nous sommes et loin de vanter le scepticisme aigrillard et scientophobe qu'on oppose très souvent au Darwinisme, il semble que la science ne soit pas épargnée par le trash, le buzz, ce vernis racoleur destiné à faire mousser son labo et passer en tête sur cet attrape-couillon d'impact-factor.

Mais je me trompe peut-être.

Information qui n'a rien à voir: Allez jeter un coup d'oeil sur l'oeuvre de David Rokeby: Machine for Taking Time (Boulevard Saint-Laurent, 2006-2007) présentée par la Fondation Daniel Langlois dans la collection E-ART, Nouvelles Technologie et Art Contemporain.